Malgré des résultats en hausse, l’entreprise invoque la récession en Europe, le dumping et l’insuffisance des lignes de crédit pour expliquer la baisse de sa marge de raffinage
L’année 2011 aura été difficile pour la raffinerie marocaine Samir, comme le reflètent ses résultats financiers, présentés à la presse nationale le 19 avril dernier. En effet, l’excédent brut d’exploitation, le résultat d’exploitation et le résultat net ont baissé respectivement de 23 %, 28 % et 48 %, avec des montants respectifs de 1,54 milliard, 1,05 milliard et 434 millions de DH. Pour expliquer cette contre-performance, la direction de la raffinerie avance trois facteurs. Il s’agit, précise-t-on, de la baisse de la marge de raffinage en raison de la récession en Europe, «l’inondation du marché national par des importations de certains distributeurs», liée à ce qui a été qualifié de politique de dumping exercée par des opérateurs internationaux, et l’insuffisance des lignes de crédit pour le financement de l’activité. S’agissant du premier facteur, son impact sur les résultats de la société s’est chiffré à un manque à gagner de 750 millions en 2011 par rapport à l’année précédente. Toutefois, nuance Jamal Ba-Amer, directeur général de la Samir, la configuration de la raffinerie après modernisation a permis à la Samir de faire face à cette situation difficile et exceptionnelle.
En ce qui concerne le dumping, Samir déplore ce qu’elle qualifie de l’absence d’intervention du Comité national d’approvisionnement pour garantir l’équilibre entre la demande nationale et la production locale et la non-application de certaines dispositions de la convention d’investissement. Celles-ci stipulent, affirme-t-on, la priorité à la production locale et l’application des droits de douane sur les importations hors déficit. Les responsables de la raffinerie trouvent anormal que les importations hors déficit soient subventionnées par la Caisse de compensation «au détriment de la production locale». Ce dumping aurait coûté à la Samir 500 millions DH.
Au sujet de la distribution, d’ailleurs, le raffineur dit attendre toujours l’autorisation du ministère de tutelle pour l’entrée dans ce domaine afin d’assurer l’écoulement de sa production. Cette demande déposée du temps du précédent gouvernement a plus de chance d’être acceptée avec l’actuel Exécutif, estime le management de la société qui tient à préciser qu’il vise surtout les grands consommateurs, tels l’ONE, les compagnies aériennes…
Pour le troisième facteur, relatif à l’insuffisance des lignes de crédit pour le financement de l’activité, le management de la Samir se plaint de ce qu’il qualifie des conditions injustes imposées par les banques pour lui accorder des financements. «La modernisation de la Samir est financée par des crédits à long et à court termes. Les lignes à court terme se trouvent saturées et deviennent insuffisantes pour financer les besoins d’exploitation devenus de plus en plus importants», fait-il savoir. Dans ce contexte, signale-t-on, compte tenu de la situation de l’industrie, les prêteurs aussi bien nationaux qu’internationaux ont posé des conditions pour convertir une partie de la dette à court terme en dette à long terme.
Or, souligne-t-on, «cette conversion est indispensable pour assurer le fonctionnement normal de la Samir et préserver sa capacité à approvisionner le marché». L’impact sur la Samir, dû à ces «restrictions» sur le plan de financement, est estimé à 300 millions DH en 2011.
Quelles perspectives de développement ?
La Samir achève cette année son programme de développement. Ainsi, le raffineur a programmé le démarrage de l’unité de distillation n° 4 (dite Topping 4) en juin 2012. Cette nouvelle unité permettra d’augmenter la capacité de raffinage globale à 10 millions de tonnes, soit une augmentation de 60 % par rapport à la capacité de raffinage actuelle. « La mise en service de cette unité permettra assurément d’augmenter la profitabilité de la société », a affirmé Jamal Ba-Amer, directeur général de l’entreprise. De même, ajoute-t-il, la mise en œuvre des actions stratégiques du Business plan 2012-2016 aura des retombées positives et permettra, d’une part, d’améliorer les performances opérationnelles et financières et, d’autre part, de s’inscrire dans le développement durable
Repères
Les ventes totales de l’exercice ont affiché une progression de 5 % par rapport à 2010, pour atteindre 7,1 millions de tonnes. Les ventes sur le marché national ont augmenté de 4 %, alors que les exportations se sont accrues de 14 %.
Le processing a atteint 7,6 millions de tonnes, dont 5,3 millions de tonnes de pétrole brut et 2,4 millions de tonnes de feedstocks (produits d’appoint). L’augmentation des feedstocks répond à la stratégie d’optimisation de la marge de raffinage.
Le chiffre d’affaires réalisé a atteint 49,7 milliards de DH, en progression de 34 % par rapport à l’exercice 2010, sous l’effet combiné de la hausse des prix et de l’augmentation des volumes
Lahcen Oudoud, LE MATIN